Trappelune

Bigoudin'Blues

Textes & musique : Trappelune
Que savez vous de l'amour,
Tas de clodos, ramassis de pucelles
Vous qui n'avez jamais connu
Ni Mister P. ni Mademoiselle Stelle
Je sens bien que vous piaffez
de connaître toute la vérité
Afin que ma langue se libère
Il vous suffit de verser dans mon verre
Du rouge

C'est un vendredi soir banal,
Dans la proche banlieue de Lamballe
Faut valser comme des pingouins au bal
Autour des ronds points baignés de lumière sale
Mister P est complètement tout seul,
Dans sa Simca 1000 asthmatique
Y s' gare au parking de chez Lideul
Et s' dépêche d'aller claquer son fric
Sa paye

Par le tourniquet vitré de l'entrée,
Comme un pauvre moustique, aspiré
Mister P. se laisse ballotter
Comme un vieux sac plastique, vidé
Dans le flot d' hagardes rombières
Baveux zombis aux crocs de vampires
Une idée fixe dans la soupière
Remplir, remplir, remplir
Le caddy

Il trouve un refuge précaire,
à l'angle du rayon chaussures
Il se recoiffe, se recale la paire,
Quand une voix divine lui susurre :
Dès ce soir, ô client très cher,
Tu pourras super marcher
Toutes nos baskets de marque repère
Sont pour toi seul à prix sacrifiés
C'est le pied !

Au rayon déodorants tifrices,
elle l'a déjà devancé
Qui ça? Madmoiselle Stelle bien sûr sans artifice,
Vous l'aviez sans doute déjà deviné
Elle lui glisse tendrement dans l'oreille,
De ses petits conseils avisés
Lui glisse fermement dans la corbeille
Un pack de cotons tige parfumés
Au crabe

Échoué au rayon poissonnerie,
Son panier à neurones se déchaîne
Cette voix enjôleuse qui comme une marée le suit
Plus l'ombre d'un doute c'est une sirène
Il sent sa raison défaillir,
comme jadis ce bon vieil Ulysse
Quand elle lui conseille de saisir
La promo sur les écrevisses
Pas lourdes

Mister P. faut pas lui en compter
Y sait qu' les sirènes ça vit dans l'eau
Et comme de métier il est plombier
Y sait que l'eau ça vit dans les tuyaux
Ni une, ni deux, le v' là qui dégaine
Sa panoplie de clefs à molettes
Et comme un cinglé il se déchaîne
Sur l'alimentation des toilettes
Ça gicle

Mister P. a de l'eau jusque sous les aisselles
La supérette est évacuée
C'est la foire à l'éponge au rayon vaisselle
On entend la sirène des pompiers
Quand soudain, surgie de nulle part
Surfant une boite de caviar
Elle lui fait le coup du T-shirt mouillé
La sirène du supermarché
Il craque

La Bretagne est un pays rude
Infesté de bretons et de bretonnes
La Bretagne est un pays prude
Un repaire de curetons et de nonnes
Pas question de vivre dans le pécher, c'est mal
Enfin pas plus d'une vingtaine d'années
A près délibération bi décennale
La terrible sentence est tombée
Faut les marier

Bon ben, c'est fait.